René-Emmanuel Sadi, ministre camerounais de la Communication : «La candidature du président Biya ? C'est du 50/50»
Le chef de l'État camerounais, Paul Biya, sera-t-il candidat à sa succession lors de la présidentielle du mois d'octobre prochain ? « C'est du 50/50 », répond ce lundi sur RFI le ministre camerounais de la Communication, René-Emmanuel Sadi. Dans cette interview, le porte-parole du gouvernement camerounais réagit également à la démission récente de ses deux collègues, Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, et à l'annonce de leur candidature à la présidentielle à venir. « Au parti RDPC au pouvoir, les rangs sont en train de se resserrer », déclare-t-il. En ligne de Yaoundé, le ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Les départs annoncés des ministres Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakary de votre gouvernement, est-ce que ce n'est pas un coup dur à trois mois de l'élection présidentielle ? René-Emmanuel Sadi : Des alliés qui partent et non des moindres, effectivement, on peut forcément le regretter. Pour autant, nous ne croyons pas qu'il faille faire tout un drame de ces démissions de quelques membres du gouvernement, en l'occurrence des ministres appartenant au FSNC et à l’UNDP. Je le dis parce que le Cameroun est un pays de liberté et de démocratie et ceci est un acquis irréversible que nous devons incontestablement à l'engagement du président Paul Biya. Le RDPC, quant à lui, en prend forcément acte et le RDPC, fort de ses nombreux atouts et de son maillage territorial, reste debout et serein. C'est vrai que la concurrence sera sans doute un peu plus forte puisque nous avons perdu des alliés, mais le RDPC va s'organiser, les rangs sont en train de se resserrer et il est quasiment certain, de mon point de vue, que nous allons préserver cette position dominante que nous avons non seulement sur l'ensemble du pays, mais particulièrement dans la zone du septentrion. Enfin, pour ce qui est de la prétendue absence au sommet de l'État, il n'en est rien. Le président de la République conduit bel et bien les affaires de la République dans un style qui lui est propre, fait de discrétion et d'efficacité, sans tapage. Alors en effet, c'est Issa Tchiroma Bakary qui a parlé de l'absence de Paul Biya en tant que président de la République. Il a expliqué que, lors des réunions, le président ne s'exprimait plus, qu'il était absent et qu'il ne gouvernait plus. Qu'est-ce que vous répondez à cela ? Je pense que cette absence est une absence apparente. Cette absence apparente n'enlève rien à l'efficacité de l'homme et n'enlève rien à sa connaissance parfaite des dossiers. Il suit au quotidien tout ce qui se passe. Il est certainement l'homme le plus informé. Mais quand on a 92 ans, est-ce qu'il n'est pas normal qu'on ait quelquefois quelques absences ? Justement, à 92 ans, c'est un énorme mérite que de continuer à gouverner son pays. C'est un énorme mérite que de s'intéresser aux affaires de l'État, de suivre les dossiers. Je pense que la chance qu'on a, c'est que le président, à cet âge, a une mémoire phénoménale. C'est vrai, l'âge est là, il est important. Mais évidemment, quand on peut, malgré cet âge, continuer à suivre ses dossiers, c'est aussi un grand mérite qu'il faut saluer. Est-ce que le Secrétaire général de la Présidence Ferdinand Ngoh Ngoh n'est pas quelquefois le vrai patron du pays, quand le président n'est pas en mesure de gouverner à chaque heure de la journée ? Non, non, je ne dirai pas la même chose. Le Secrétaire général de la Présidence peut donc, en tant que collaborateur le plus proche du président de la République, le connaissant, il peut anticiper. Je peux vous dire qu’il est tenu de rendre compte et, s’il a anticipé que la décision qu'il a eu à prendre n'est pas celle qui convenait, le chef de l'État est en mesure d'apporter les corrections nécessaires et, évidemment, il s'exécute dans ce sens-là. Alors, à trois mois de la présidentielle, tous les grands partis ont investi leur candidat, ou du moins ont annoncé qui sera leur candidat. Tous sauf le RDPC au pouvoir. Pourquoi ? Tout simplement parce que le RDPC connaît les dispositions de la loi. Nous avons encore suffisamment de temps pour que le RDPC se prononce et donc nous attendons dans les meilleurs délais possibles sous la conduite de son président national, le président Paul Biya. Nous entendons nous décider dans ce sens-là. Le chef de l'État lui-même a laissé entendre que, le moment venu, il dirait à ses militants s'il est candidat ou non. Quand Paul Biya s'exprimera, est-ce que vous êtes certain qu'il dira : « Oui, je suis candidat ? » ou est-ce qu'il y a une hypothèse où il pourrait dire : « Eh bien, non, je ne serai pas candidat, ce sera quelqu'un d'autre » ? Je ne suis pas un devin, pour vous dire. Il se prononcera en son âme et conscience. Et c'est un homme d'une très grande clairvoyance, d'une très grande sagesse. Il saura dire à ses compatriotes la position qui sera la sienne. Mais pour dire les choses familièrement, à votre avis, c'est du 50/50, ou il y a plus de chances qu'il dise oui ou qu'il dise non ? C'est du 50/50. Forcément, puisqu’il l'a dit, qu'il se prononcera le moment venu. Forcément, c'est du 50/50. Donc le jeu est ouvert ! Écoutez, c'est lui qui nous a dit qu'il va se prononcer le moment venu. Ses militants, beaucoup ont fait des appels au président et c'est à lui qu'il appartient de répondre à ses militants. Et il peut y avoir une surprise ? Bon, peut-être que ça peut être une surprise dans un sens comme dans l'autre. À lire aussiPrésidentielle au Cameroun: dans le sud-ouest anglophone, les élites du RDPC derrière Paul Biya